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Le Koicédon du 26 mars : une gourmande outrée !

Publié le par Catherine Lenne

K2783Un Koicédon observé au microscope, une fois n'est pas coutume ! Je vous ai proposé une petite chose, à peine plus grande qu'un millimètre! 

C'est une outre d'utriculaire (Utricularia sp., Lentibulariacées). Qu'est-ce que c'est que cette bête-là?? Une plante aquatique (une hydrophyte, voir pour mémoire le Koicédon du 23 octobre dernier sur le Sparganium et l'article qui lui est consacré Koicédon du 23 octobre : des baleines vertes dans les zones humides, une autre plante aquatique).

114-Utriculaire.jpgL'utriculaire est complètement immergée : sa tige porte des feuilles laciniées (très découpées) qui n'opposent pas de résistance aux courants. Et bizarrement, elles portent de tout petits renflements creux : des outres. 

utriculaire-17.jpgCes outres sont des pièges à petites bêtes car la belle est carnivore. Elle vit dans des eaux stagnantes, froides, des lacs-tourbières très souvent. Tourbière Lacoste 167-70

Chaque outre est fermée par un clapet (on le voit quelque peu "replié" sur la photo de microscopie), garni de quelques poils sensibles ressemblant à des algues filamenteuses bercées par les mouvements de l'eau, pour une petite daphnie innocente (sorte de minuscule crevette d'eau douce) et qui n'a pas bien les yeux en face des trous...

Le piège est un "piège à succion". L'intérieur de l'outre est  en dépression : l'eau en a été activement évacuée par la plante pendant la "phase d'armement" du piège et les parois de l'outre sont tendues, chargées d'énergie élastique prête à se libérer à la moindre pécadille. De même, le clapet est bombé vers l'extérieur à la limite de l'instabilité, comme une puce en caoutchouc retournée sur une table...  Lorsque la daphnie brouteuse frôle les poils sensibles, le clapet se déforme instantanément et s'ouvre. La libération de l'énergie élastique contenue dans les parois de l'outre crée un mini-tourbillon qui aspire la daphnie en un éclair ! Le piège refermé, les cellules de l'outre sécrètent alors des enzymes qui digèrent la bestiole, comme nos enzymes gloutons digère le bifsteck. La même digestion externe, finalement! Le résultat de cette digestion (les nutriments) est ensuite absorbé par les cellules de l'outre. Pour voir la chose en "vrai" et en mouvement, un lien signalé par l'un d'entre vous (merci, Pierre!) : link

La "carnivorie" représente un apport non négligeable de produits azotés (les produits carnés) pour cette plante qui vit en milieu extrême : en effet, la nutrition azotée est un problème majeur pour les plantes vivant en tourbière où le recyclage de la matière organique morte se fait mal (ou trop lentement, du fait du froid, du manque d'oxygénation et de l'acidité de l'eau, tous facteurs ne favorisant pas spécialement les bactéries recycleuses). 

Dernière précision, l'utriculaire est bien une hydrophyte (une plante terrestre "retournée secondairement à l'eau") et non une algue ! La preuve ? Sa fleur...utriculaire-2889.jpg

 

 

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M
Mon émerveillement est sans limite et sans cesse renouvelé devant les merveilles inventées par la nature....
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C
<br /> <br /> Oui, moi de même. De quoi alimenter l'imagination !<br /> <br /> <br /> <br />